Un casse parfait

La pluie tombe à flot sur Boston (USA Massachussetts) , pourtant dans les rues  c’est l’effervescence, la population est en liesse, la fête de la Saint Patrick bat son plein.
Au Musée Isabella Stewart Gardner, c’est plutôt calme, les deux gardiens font tranquillement leurs rondes, rien à signaler, le train-train habituel. Peu après minuit la sonnerie de l’interphone vient pourtant perturber cette quiétude : - « bonsoir, Police de Boston, nous venons juste vérifier que tout se passe bien, c’est juste un contrôle de routine, ouvrez nous la porte ». Sans trop se poser de questions, l’un des gardiens s’exécute et laisse entrer les deux policiers en uniformes. - « Appelez votre collègue, s’il vous plaît et demandez lui de nous rejoindre »… quelques minutes plus tard… les deux agents de sécurité se retrouvent ligotés, bâillonnés et menottés. Pour les deux intrus déguisés en policier la voie est libre !

Le Musée Gardner rassemble une impressionnante collection de plus de 2500 peintures, dessins ou objets.
Dans les salles on peut y admirer des Titien, Rembrandt, Manet ou Degas… Les voleurs n’ont que l’embarras du choix. D’ailleurs, ils prennent leur temps. Chacun de leur côté, ils parcourent les galeries du musée et font leur sélection : "Le Concert" de Vermeer, deux tableaux de Rembrandt, un paysage de Govert Flinck, la peinture "Chez Tortoni" d’Édouard Manet, un dessin de Rembrandt, cinq de Degas, ils emportent un vase Gu chinois et le fleuron d’un aigle de drapeau de la Grande Armée de Napoléon.  Avant de s’éclipser, les deux lurons, précautionneux, emportent avec eux les bandes vidéo des caméras de surveillance puis disparaissent définitivement dans la nature.

En tout 13 pièces d’une inestimable valeur sont dérobées. Le butin est estimé à 200 millions de dollars en 1990, aujourd’hui, il dépasserait facilement le milliard !

Vue l’ampleur du magot et le professionnalisme orchestré pour s’en accaparer, l’enquête est aussitôt confiée au FBI. S’en suis des années de rebondissements et de pistes qui n’aboutissent à rien.
Dans un premier temps les gardiens sont soupçonnés mais les charges sont abandonnées.  Puis le FBI s’intéresse à un gangster connu pour ses liens avec l’IRA réputée pour ses vols d’œuvres d’art. Mais le malfrat ni en bloc et le dossier du FBI contre lui est plutôt creux.
En 1994, coup de théâtre : La directrice du musée reçoit une lettre anonyme promettant le retour des œuvres contre une rançon de 2,6 millions de dollars et l’immunité totale pour les voleurs : « transmettez nous votre réponse via le journal le « Boston Globe » à la rubrique des taux de change».  Mais les échangent tournent vite court, puis plus rien du tout.

Trois ans plus tard, en 1997, une nouvelle piste se profile.
Un journaliste est convié dans un entrepôt par son informateur. Ce dernier lui montre des toiles roulées et signées. Il fait sombre, mais le journaliste croit reconnaître un Rembrandt… La scène s’est déroulée en moins de deux minutes mais cela suffit à relancer l’affaire.  Malheureusement c’est à nouveau une impasse.

Au fil des années, diverses théories sont apparues : les cambrioleurs seraient des hommes de main de la mafia ou de la pègre locale de Boston ou alors il s’agirait d’un voleur spécialisé dans les œuvres d’art, d’une opération de l’Armée de libération irlandaise. On a évoqué également des gangsters corses, des émissaires du Vatican, des émirs collectionneurs du Moyen-Orient… bref on ne sait pas…
En 2017,  le musée propose, malgré la prescription des faits,  une récompense de 10 millions de dollars à qui rendra les trésors… Aucune réaction, Silence radio.
L’identité des cambrioleurs restent un mystère entier et les 13 œuvres sont toujours introuvables...