la Liste de Varian Fry

Episode 1 

Marc Chagall, André Breton, Max Ernst et tant d'autres… 

Entre 1940 et 1941, un journaliste américain a protégé les plus grands noms de la culture européenne pourchassé par les nazis.  

Un an de course contre la montre. 

Il devait évacuer 200 personnes, il en a sauvé 1800. 

Sans lui, combien d'œuvres n'auraient-elles jamais vu le jour ?  

Aujourd'hui, qui se souvient de Varian Fry ? 




22 Juin 1940, la Wehrmacht défile sur les champs Elysées.  Derrière les blindés, Hitler a lancé sa croisade de purification ethnique et culturelle. Juifs, communistes, hommes politiques, syndicalistes mais aussi poètes, peintres, écrivains, philosophes deviennent des cibles. La chasse aux hommes et aux idées est ouverte dans toute l’Europe. En Amérique, une poignée d'intellectuels s’inquiète.  



Parmi eux, un homme, un journaliste, il s'appelle Varian Fry.

Varian Fry







"Je savais que parmi tous ces gens coincés en France, il y avait de nombreux écrivains, artistes et musiciens dont les œuvres m’avaient procurées tant de plaisir. A présent, ils étaient en danger. Il était de mon devoir de leur venir en aide." Varian Fry.


« Un artiste qui peint l’herbe en bleu est un menteur »
écrivait Hitler dans Mein Kampf.
L'art moderne est condamné.


A New York, un grand mouvement de solidarité par-dessus les océans est né.
L’objectif : protéger les penseurs, les artistes, les écrivains, les poètes afin de garantir la sauvegarde des valeurs universelles.

ETE 1940



Trois jours après l'armistice, Varian Fry rejoint l’Emergency Rescue Committee (ERC), une association fondée à l'initiative de l'American Friends of German Freedom (les amis américains d’une Allemagne libre), avec l’appui d’intellectuels allemands en exil comme Thomas Mann. L’ERC s'engagent à obtenir des visas américains pour les artistes et écrivains de toutes nationalités qui seraient les plus menacés par Vichy ou les nazis.

Le comité rallie à sa cause Eleanor Roosevelt, la femme du président. Elle arrache à son mari, la promesse de délivrer des visas d’urgence. Il est toutefois exigé, que le réfugié ait fait preuve « d’une réussite intellectuelle supérieure ». 

Une liste est dressée. 200 noms « triés sur le volet ». Parmi eux, les écrivains : Walter Benjamin, Franz Hessel ou Lion Feuchtwanger, les peintres : Max Ernst, André Breton, Marc Chagall, Henri Matisse...

Il faut maintenant un volontaire.  

Quelqu'un de débrouillard pour se rendre en France, organiser le départ des artistes et s’occuper des démarches administratives auprès de Vichy. 

 "Je crois que j’ai offert mes services par impatience devant le temps perdu à essayer de trouver un agent…  Sans doute, mes manières et mon apparence n’invitaient-elles pas à penser que j’étais un risque tout.»  

Varian Fry a 32 ans. Ses articles ont toujours affiché des opinions libérales et antifascistes
Il admire la culture européenne, et maîtrise parfaitement le français. 
Il part pour Marseille en Août 1940.  
Dans la doublure de son pantalon est cachée la précieuse liste des 200 noms.  
Il n’a que 3 mois pour s’affranchir de sa mission. 




Varian Fry

Marseille, grouille de réfugiés de tous milieux, de toutes origines.  
La France est coupée en deux. Au Sud, la zone "dite libre" est administrée par le gouvernement de Vichy. Les ports de Marseille et de Toulon sont pris d'assaut par les exilés qui espèrent fuir par la mer. Mais les bateaux sont rares, et l’embarquement est soumis à un étroit contrôle par la police de Pétain.

14 Aout 1940, Varian s'installe à l'hôtel SPLENDIDE et se rend aussitôt au consulat américain. 

Il fait chaud en cet après midi du mois d’Aout. Le tramway est déjà bondé. En regardant autour de moi, je m’aperçois, à leur regard effaré et à l’état de leurs vêtements, que plus de la moitié sont des réfugiés.  

La foule hagarde et désorientée se presse devant le consulat. Tous espèrent obtenir un visa. Varian demande à voir le consul. 

J’explique que je suis américain, venu prendre des renseignements sur les visas, pour des réfugiés auxquels mon comité s’intéresse. 

A sa grande surprise, le consul général ne daigne même pas le recevoir. N'étant investi d’aucune mission officielle du gouvernement américain, il comprend très vite que le consulat ne lui facilitera pas la tâche.  

La mission de Varian Fry se révèle plus difficile que prévue. 

Quitter la France est un vrai casse tête :

  • En plus du visa du pays d’accueil,  
  • Il faut un sauf conduit pour circuler à l'intérieur du territoire. 
  • Et le plus important, une autorisation de sortie pour franchir la frontière. 



Or, pour l'instant, le gouvernement de Pétain refuse d’en délivrer aux étrangers. 
Vichy s’est engagé auprès du Reich à s’opposer à la fuite de tout réfugié.  

Marseille est devenu un piège. Pour s’échapper, il faut traverser l’Espagne franquiste, puis rejoindre le Portugal, pays neutre. Au port de Lisbonne, il y a des bateaux qui partent pour Gibraltar, l'Afrique du Nord, les Antilles ou New York. 

Varian Fry établit son quartier général dans la chambre de son hôtel.

Comment dois-je m’y prendre ? Je dois sauver des gens mais, à vrai dire, je ne sais pas comment...ni par où commencer.  

Il écrit aux réfugiés de la liste, dont il a l'adresse. 
Le précurseur du Fauvisme, Matisse réside près de Nice 
Le peintre Chagall s’est installé à Gordes. 
Le surréaliste Max Ernst a rejoint sa maison en Ardèche. 

Varian Fry
Varian Fry

Avant la fin de la première semaine, à Marseille, la nouvelle s'est répandue partout : un américain est arrivé de New York, les poches bourrées de billets et de passeports… J’apprends même qu'à Toulouse, un type entreprenant vend aux réfugiés mon nom et mon adresse pour 50 francs ! Je vois, outre les gens figurant sur ma liste, des dizaines d'autres qui croient qu'ils devraient y être. 

Varian Fry est vite débordé et doit se constituer une équipe. 
Il engage Albert Hirschman, un jeune juif allemand recherché par les nazis. Grâce à de « nouveaux papiers » Hirschman est devenu Hermant.  
Albert a de nombreux contacts dans le milieu Marseillais, cela peut-être utile. 
Miriam Davenport, une américaine qui a étudié l’histoire de l’art à Paris s'occupera du secrétariat. 
Charles Fawcett, un américain baroudeur et aventurier sera l’homme à tout faire. 

Ils sont volontaires, idéalistes et croient en la liberté et les droits de l’homme.  L’équipe s’organise et met au point un itinéraire pour sortir de France clandestinement et rejoindre Lisbonne. 
La pagaille, qui suit les premières semaines de l’armistice facilite la tâche.  Les contrôles sont rares et, beaucoup de ses clients, comme Varian les appelle, parviennent à franchir la frontière. 

Parmi eux, Il y a le frère et le fils de Thomas Mann, la philosophe Hannah Arendt, le poète Franz Werfel, la veuve de Gustav Mahler, Alma, qui parvient ainsi à sauver plusieurs des partitions originales de son défunt mari. La filière de Varian fonctionne et la rumeur se répand vite. 

Il y a tellement de monde que la direction de l’hôtel s’en plaint. Quelques jours plus tard, la police débarque et arrête tout le monde.  Je leur explique que je mène une enquête sur les besoins des réfugiés afin de venir en aide aux plus nécessiteux 

Varian leur ment avec aplomb, mais à la préfecture le message est clair. Il ne doit rien entreprendre qui soit contraire à la légalité.  Le consul américain le convoque également. Les Etats Unis entretiennent de très bonnes relations avec Berlin et Vichy et sa mission ne doit en aucun cas perturber cette sérénité diplomatique.  

Pour masquer ses activités, Fry crée le Centre Américain de Secours. Officiellement le centre apportera une aide financière aux réfugiés. En réalité, l’équipe continue son travail d’exfiltration. 

Je donne de l'argent et des conseils. A ceux qui ont déjà des visas, j'explique comment franchir la frontière. Quand ils sont sur le départ, je leur serre la main et leur dis : " A bientôt à New York ".
Beaucoup sont incrédules, osant à peine espérer.
 Mais cette simple petite phrase, dite avec conviction, semble faire plus que tout le reste pour leur rendre foi en l'avenir.


AUTOMNE 1940


26 Septembre 1940, c'est la consternation au sein de l'équipe. Varian apprend que le philosophe juif allemand, Walter Benjamin, s'est fait arrêté. Craignant d'être livré aux nazis, il se suicidera en absorbant une dose mortelle de morphine.  


Lire l'épisode 2...



Varian Fry
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